Comment nommer correctement une plante ?
Comment rendre compte de la diversité incroyable des végétaux sans se soumettre au difficile exercice de la classification des plantes ? Je vous le dis, il y a de quoi en perdre son latin ! Impossible pour les botanistes amateurs comme moi de reconnaître les 400 000 espèces de plantes connues à ce jour à travers le monde. Mais, sachez qu’il y a quand même des pistes simples de compréhension sur ce classement.
J’aimerais vous partager ici dans cet article, les recherches que j’ai menées dans le seul but de rendre accessible cette noble discipline qu’est la botanique ! L’accès à la connaissance ne doit plus être l’apanage des spécialistes mais l’affaire de tous !
Joyeuse lecture !
Se planter jusqu’à en perdre son latin
Dans ma pratique quotidienne du design végétal, je me heurte souvent à des difficultés pour déceler le vrai du faux sur internet à propos de certaines espèces de plantes. Trouver le nom exact d’une plante
est primordial pour moi. Sans cette précieuse information, je pourrais très bien lui apporter de mauvais soins ou pire… lui créer un objet inadéquat !
Cette science porte un nom : la taxonomie végétale*, c’est la science qui décrit, nomme et classe les plantes. Pour les plus courageux d’entre vous, je vous conseille d’utiliser une flore* et pour les adeptes
du numérique, vous pouvez utiliser des applications mobiles de reconnaissance végétale comme : Pl@ntNet, Smart’Flore ou encore Sauvages de ma rue. Grâce à ces outils, vous pourrez avoir une petite idée de la famille de la plante, et ainsi, pouvoir faire des recherches plus précises par la suite.
Maintenant, reprenons depuis le début.
Comment nommer une plante ?
Pour moi, trouver le nom d’une plante c’est comme découvrir toute son histoire en quelques mots ! En comparaison, c’est comme si j’avais simplement votre nom et que, grâce à cela, je pouvais savoir où vous habitez, quels sont vos parents et pourquoi vous portez ce joli nom ; ça serait vraiment dingue non ?
Pour nommer une plante et que n’importe qui dans le monde puisse comprendre, il faut « parler » une même langue : le latin. Oui, oui… cette langue morte à peine étudiée à l’école qui paraît si élitiste…
Tous les organismes vivants portent des noms en latin qui font référence à la classification. Vous allez voir, c’est moins compliqué que ça en a l’air…
Je vais prendre un exemple que vous connaissez tous, la Bellis perennis plus communément appelée pâquerette. Déjà pourquoi le nom vernaculaire ce cette plante est « pâquerette » ? Cette jolie plante s’appelle ainsi car elle fleurit essentiellement à la période de Pâques et serait issue du vieux français « pasquier », nom donné à une taxe médiévale sur les pâturages à partir du VIIIe siècle.
Outre-Manche, chez nos voisins anglais, « pâquerette » se dit « daisy », qui vient de « day’s eye », traduit par « œil du jour » en français. Ce nom anglais illustre un mécanisme de protection de la Bellis perennis nommée nyctinastie*. Ce mécanisme végétal provoque la fermeture de certains végétaux en fonction de l’alternance jour/nuit. Peut-être connaissez-vous aussi les Oxalis triangularis qui offrent ce merveilleux spectacle tous les jours !
Tout, vous saurez tout sur la pâquerette
Tout ça pour dire qu’en fonction de votre emplacement sur la terre, le nom d’une plante peut varier du tout au tout ! L’emploi de noms communs ou vernaculaires* n’est pas suffisant pour distinguer clairement les plantes entre elles. A contrario, la nomenclature botanique latine, elle, est universelle, reconnue et comprise dans le monde entier.
Justement, concernant la nomenclature latine, notre Bellis perennis va vous étonner par son histoire.
En effet, le nom Bellis vient du latin ‘bellus ‘qui signifie joli, agréable ; et ‘perennis’, ressemble à un mot qu’on connaît bien « pérenne » qui veut dire « qui dure dans le temps ». Donc ici, pour cet exemple, cela donne « jolie, qui dure plus d’une saison» et donc symbole de la beauté éternelle !
Tout simplement 🙂
Au jardin, l’adjectif perennis nous met la puce à l’oreille sur le fait que cette plante se ressème elle-même et donc peut devenir à terme, envahissante.
Maintenant que vous savez tout sur la pâquerette, je vais vous exposer les règles simples pour nommer correctement une plante.
- Toujours utiliser le nom de genre (Bellis) suivi de son adjectif (perennis). Cette convention date de 1753 et a été inventée par Charles Linné, un botaniste suédois.
- Le nom de genre prend toujours une majuscule.
- L’adjectif, lui, doit toujours s’écrire en minuscule.
- Le tout doit être écrit en italique.
Si vous avez l’occasion de consulter un herbier d’exception, comme ceux conservés au Musée d’Histoire Naturel de Paris (MNHN) ou encore en ligne via des centres universitaires, vous y verrez la nomenclature botanique qui respecte les règles que je viens d’aborder avec vous.
Références
De nombreux articles passionnants et très bien écrit existent. Je voudrais vous en énumérer plusieurs. Bonne lecture !
- UniVegE est en charge des herbiers universitaires, collection internationale, quatrième herbier de France, référencé « CLF »
- Magazine Garden_Lab : [Être] botaniste #09, article « Brève histoire de la classification des plantes » que vous pouvez retrouver sur leur site internet
- Magazine Garden_Lab : [Être] botaniste #09, article « jardiner…à en perdre son latin » texte de Philippe Ferret
- MOOC Botanique 2020 – initiation, réalisé par Tela Botanica, avec les séquences 4 et 5 sur « nommer et classer » et « déterminer » qui sont en libre accès et accessibles à tous ! Ces deux cours sont parfaits pour comprendre simplement et facilement les notions essentielles de base de la botanique. Petit plus, ils sont gratuits en cette période difficile du Corona : le lien juste ici
Attention limite d’inscription et du cours le 7 mai 2020 - Livre Botanicum, Kathy Willis, Kathy Willis édité chez Big Picture Press
- Monophyletic stem-tree of organisms from Ernst Haeckel, Generelle Morphologie der Organismen (General Morphology of Organisms) (Berlin: Georg Reimer, 1866)
- The art and science of Ernst Haeckel, Julia Voss, Rainer Willmannédité chez Taschen
- Article « Les relations de parenté entre organismes et le système biologique », Rainer Willmann
Lexique
Classification phylogénétique : Classification des plantes prenant en compte la notion d’évolution. Sorte d’arbre généalogique du règne végétal.
Flore : Une flore est un catalogue descriptif de la flore d’une région déterminée ou relative à un thème particulier. Les flores classiques sont des livres, contenant généralement des planches botaniques et/ou des photographies de plantes. Les flores sont souvent dotées d’une clé de détermination qui permet l’identification des espèces.
MOOC : Acronyme de « Massive Open Online Course », est un nouveau type de formation en ligne. Il regroupe des vidéos, du contenu texte, des forums de discussions et permet de valider ses acquis avec des exercices.
Nyctinaste : C’est un mécanisme qui provoque des mouvements végétaux en fonction de l’alternance jour – nuit. La nyctinastie fait donc partie des mouvements de veille et de sommeil des plantes.
Nom vernaculaire : C’est le nom commun, indigène ou usuel en langue locale donné à une espèce animale, fongique ou végétal.
Taxon : Entité conceptuelle qui est censée regrouper tous les êtres vivants possédant des caractéristiques communes. Plus le rang du taxon est élevé et plus le degré de ressemblance des individus concernés ( nombre de caractéristiques en commun ) est faible, et inversement.
Taxonomie : Science qui décrit, nomme et classe les organismes vivants dans des taxons. Elle complète la systématique, qui organise le classement des taxons et leurs relations.